Retour à la maison, vaincre la douleur, rééducation, reprise des entraînements. Avec Émile on se pose la question : « Pourquoi M. Bonnet nous a réveillés à 2 h du matin pour nous préparer et nous faire descendre à 8 h sur cette piste verglacée où un Australien venait de se tuer ? Un vrai traquenard ! »
Année 1965, la reprise sur les skis est difficile. Les premières courses ne se passent pas comme je le veux, mais les sensations sont bonnes.
En route pour Davos en Suisse dans le canton des Grisons. La délégation française est accueillie par les traîneaux qui nous conduisent à notre hôtel. Le soir je donne des cours d’anglais à mes camarades de l’équipe. Jour J. Je me rends au départ, je n’ai aucun stress ! Déjà en récupérant mes skis je sais qu’ils sont prêts. Dans l’aire de départ je visualise mentalement la descente. La luminosité est bonne, pas de jour blanc où l’on ne voit pas le relief, les conditions sont optimums. J’opte pour un verre de masque sans filtre, blanc. Je remporte la descente de la Coupe des nations. C’est l’unique victoire internationale française dans cette spécialité depuis la victoire de Jean Vuarnet aux Jeux olympiques en 1960.
En mars 1965 je suis vice-champion de France de descente à Morzine, 11 centièmes de seconde derrière Jules Melquiond.
À l’horizon pointent les championnats du monde qui se feront pour la première fois sur le continent sud-américain, au Chili, à la station de Portillo ; mais avec M. Bonnet, rien n’est acquis.
1966, la saison et les grands classiques recommencent, Jean-Claude, Guy et Léo sont toujours sur les podiums. À cette époque le meilleur skieur est Guy Périllat : à 20 ans il a déjà remporté une médaille de bronze en descente ainsi que le titre de champion du monde du combiné de la FIS aux Jeux olympiques de 1960. En 1961 il gagne toutes les grandes classiques en descente, de mémoire aucun skieur n’a fait cela : Wengen, Kitzbühel, Megève, Chamonix et Saint-Moritz, plus le combiné de l’Arlberg-Kandahar. Aux championnats du monde de 1962 à Chamonix, il se classe deuxième en slalom derrière Charles Bozon. Guy gagne dans toutes les disciplines.
Bref, arrivent les championnats de France à Chamrousse et en descente je suis vice-champion derrière Jean-Claude Killy. Mon billet pour Portillo en poche !