Fin de notre « week-end », demain nous reprenons le chemin du retour. Nos crabes seront au rendez-vous ! La nuit est calme. Sur le vaporetto qui nous ramène au parking nous refaisons à la proue du bateau la scène de Titanic ! Deux ados ! Nous sommes heureux. Laurence s’endort pendant le voyage. Je conduis à vive allure. Le pare-brise reflète la mort ! Demain ! Demain un verdict, un traitement et… ? Je ressens une telle injustice. Toute ma vie j’ai attendu une femme, cette femme ! Et nos crabes vont nous détruire.
— Chéri, nous sommes où ? Tu es fatigué !
— Non mon love, ça va. Nous sommes à 50 kilomètres du tunnel.
— J’ai dormi longtemps ou tu as conduit vite ?
— Les deux, Madame Sadon !
— Tu m’épouserais ?
— Es-tu « mariable » ?
— Les « baveux », c’est comme cela que l’on surnomme les avocats ?
— Oui, baveux ou bavards, c’est une vieille expression française d’argot qui remonte au XVIIIe siècle pour désigner les avocats, car ils utilisent la parole comme arme pour défendre leurs clients.
— Alors permets-moi, cher baveux, de considérer ta réponse machiavélique !
— Très chère, VOUS, je dis bien VOUS ; d’ailleurs, ce sera en cas de conflit ou d’engueulade notre façon de dialoguer. Je disais : VOUS allez savoir ce que Nicolas Machiavel – qui a écrit Le Prince, est mon livre de chevet.
— Vous m’en direz tant !
— Alors, pour vous apporter réponse sur le fait de vous demander en épousailles, je cite Machiavel : « Vaut il mieux être aimé que craint, ou craint qu’aimé ? » C’est ce que le politiste florentin se demande dans Le Prince, avant de répondre : « Les hommes hésitent moins à offenser quelqu’un qui veut se faire aimer qu’un autre qui se fait craindre parce que la crainte est motivée par la peur du châtiment, qui ne quitte jamais les hommes, tandis qu’ils oublient aisément l’amour et la reconnaissance. »
— Maître, respect, je garde le silence !
— Madame : « Le silence n’est pas que du vent mais souffle entre les mots, respiration qui rythme une conversation et rend possible la circulation du sens, l’échange des regards, le partage des émotions. Il peut être le point d’orgue d’une rencontre, ces moments où le silence est d’or parce que la présence se suffit à elle même : silence de connivence des amis ou silence de communion amoureuse. »
— C’est toujours de ton pote ?